TDAH
Trouble d'Opposition avec Provocation - TOP

Avant tout, il faut poser que le Trouble d'Opposition avec Provocation (TOP) se construit ; contrairement au TDAH qui serait génétique. Il ne s'agit pas ici de critiquer ou juger les parents mais bien d'expliquer que si le TOP est construit, il peut être déconstruit.
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1. La définition
Le trouble oppositionnel avec provocation est un modèle récurrent ou persistant de comportements négatifs, provocants ou même hostiles envers les figures de l'autorité.
Le trouble d’opposition avec provocation est caractérisé par une désobéissance quasi-généralisée. Face à une consigne qui lui déplaît, l’enfant peut alors montrer :
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soit de l’opposition passive (semble acquiescer à la demande, mais omet volontairement d’y donner suite),
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soit de l’opposition active (l’enfant crie, frappe, lance les objets, ou confronte et défie par un “non” en regardant dans les yeux),
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soit de l’opposition dite passive-agressive (l’enfant semble se conformer à la demande de l’adulte, mais il blesse autrui ou brise “accidentellement” quelque chose en cours d’action).
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Bien que le trouble oppositionnel avec provocation soit parfois considéré comme une version atténuée du trouble des conduites (voir plus bas), il n'existe que des similitudes superficielles entre ces 2 pathologies.
Les caractéristiques principales de ce trouble sont l'irritabilité et la provocation.
2. Diagnostic
Ce diagnostic ne doit pas être vu comme un trouble bien circonscrit mais plutôt comme une indication de problèmes sous-jacents qui pourraient nécessiter d'autres examens et traitements. Généralement, les enfants qui présentent un trouble oppositionnel avec provocation ont tendance à faire ce qui suit:
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Perdre leur sang-froid facilement et de manière répétée
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Se disputer avec les adultes
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Défier les adultes
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Refuser d'obéir à des règles
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Délibérément "embêter" d'autres personnes
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Blâmer les autres pour leurs propres erreurs ou débordements
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Être facilement agacé et irrité
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Être méchant ou vindicatif
De nombreux enfants touchés ont des déficits des compétences sociales.
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Le trouble oppositionnel avec provocation est diagnostiqué si un enfant a eu ≥ 4 de ces symptômes pendant au moins 6 mois. Les symptômes doivent également être graves et perturbateurs.
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Le diagnostic repose sur les critères cliniques.
Au diagnostic du trouble oppositionnel avec provocation, le DSM-V parle d’humeur irritable/colérique, de comportements d’argumentation défiant l’autorité et/ou de comportements vindicatifs.
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3. Le traitement
Le traitement repose sur la psychothérapie individuelle associée à une thérapie familiale (incluant la personne ayant la charge de l'enfant). Parfois, des médicaments peuvent être utilisés pour réduire l'irritabilité.
Mais aussi, le trouble oppositionnel avec provocation doit être distingué de ce qui suit, qui peut provoquer des symptômes similaires:
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Comportements oppositionnels de légers à modérés: de tels comportements se produisent périodiquement chez presque tous les enfants et adolescents.
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Trouble d'hyperactivité/déficit attentionnel non traité: les symptômes semblables à ceux du trouble oppositionnel avec provocation disparaissent souvent lorsque le déficit de l'attention/hyperactivité est traité de manière adéquate.
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Troubles de l'humeur : l'irritabilité provoquée par une dépression se distingue du trouble oppositionnel avec provocation par la présence d'une anhédonie et de symptômes neurovégétatifs (p. ex., troubles du sommeil et de l'appétit); ces symptômes passent facilement inaperçus chez l'enfant.
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Les troubles anxieux et les troubles obsessionnel-compulsifs : dans ces troubles, les comportements d'opposition se produisent lorsque les enfants ont une anxiété insurmontable ou quand ils sont empêchés de mener leurs rituels.
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Les problèmes sous-jacents (p. ex., dysfonctionnements familiaux) et troubles coexistants (p. ex., déficit de l'attention/hyperactivité) doivent être identifiés et corrigés.
Cependant, même sans traitement, la plupart des cas de trouble oppositionnel avec provocation s'améliorent progressivement avec le temps.
Initialement, le traitement de choix du trouble oppositionnel avec provocation est un programme de modification du comportement basé sur la récompense et destiné à orienter les comportements de l'enfant dans une direction plus socialement appropriée. Nombre de ces enfants peuvent tirer profit de la participation à des groupes de traitement qui construisent des compétences sociales.
4. La description des parents
Face à ces enfants, les parents diront qu’ils se sentent constamment en situation de lutte de pouvoir. L’enfant refuse de se plier aux consignes, puis refuse de se plier aux conséquences et aux punitions imposées par les parents. Dans certains cas, les parents ont même l’impression que l’enfant a pris le dessus dans la maison et que dans le fond, c’est lui qui décide maintenant. Dans les cas plus graves, l’enfant, en plus de refuser de se plier à l’autorité, cherche à provoquer l’adulte. Ces enfants savent ce qui fait fâcher leurs parents, et ils l’exploitent. Ils savent aussi mettre le parent dans l’embarras en faisant des crises en public. C’est d’ailleurs souvent de cette façon, par les crises, qu’ils finissent par obtenir ce qu’ils veulent et qu’ils finissent par avoir régulièrement le dessus sur l’autorité parentale. Il s’agit alors d’un problème sérieux, face auquel il est impératif d’intervenir rapidement. Sans intervention, le trouble oppositionnel avec provocation peut évoluer en trouble des conduites, qui s’apparente davantage à de la délinquance (opposition aux règles de société, comportements qui violent les droits des autres, délits, agressivité physique, etc).
5. Conseils
Il y a deux choses à retenir dans le cas d’enfants qui présentent de l’opposition.
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L’argumentation est le carburant qui maintient en vie le cycle de l’opposition.
Coupez l’argumentation, vous couperez l’opposition. Lorsque le cycle commence, dès votre demande initiale on comptera jusqu’à 3 pour que l’enfant se conforme. Si ce n’est pas fait à trois, on coupe les ponts. On isole l’enfant et on cesse complètement d’interagir avec lui pendant quelques minutes. Un enfant ne peut s’opposer seul sur une île déserte. L’opposition n’existe que s’il y a quelqu’un pour relancer l’enfant. En coupant l’interaction et l’argumentation, on coupe le carburant au moteur de l’opposition.
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L’aspect le plus important sera d’établir un lien de confiance fort et inébranlable entre l’enfant et ses parents.
Pour ce faire, il est incontournable de passer du temps positif et de qualité avec lui chaque jour pendant 20 à 30 minutes. L’enfant va souvent chercher de l’attention négative par son opposition, là où il n’arrive pas à obtenir de l’attention positive. Notons aussi qu’un enfant hésitera davantage à s’opposer s’il sent qu’il risque de briser un lien positif fort avec le parent et qu’il s’opposera davantage s’il sent qu’il n’a rien à perdre dans son lien avec le parent (ou même s’il sent qu’il y gagne de l’attention).
L’enfant doit sentir un lien d’attachement fort, et ce avec ses deux parents. Il vaut la peine d’insister ici sur l’importance de l’investissement non seulement de la mère, mais aussi du père et souvent encore plus auprès de petits garçons qui le prennent comme modèle.
Il est aussi recommandé de renverser l’interaction négative en utilisant le plus fréquemment possible des mots positifs envers l’enfant opposant. On le félicite pour ses réussites et ses efforts, et on lui répète qu’on l’aime et qu’on est fier de lui.
Les contacts physiques comme les câlins et les baisers sont de puissantes méthodes pour solidifier le lien parent-enfant.
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Attention : Pour le parent qui vit au quotidien l’opposition et la provocation d’un enfant, l’amour qu’on pensait inconditionnel semble parfois ébranlé. Et débute ainsi un cycle où on cherche à éviter l’enfant parce qu’on anticipe un contact désagréable. Plus on cherche à l’éviter, plus l’enfant lui, aura besoin de se rassurer du fait que ses parents sont toujours là pour lui. Ainsi, il adoptera encore plus de comportements opposants et provocateurs afin de susciter une réaction et obtenir cette attention de ses parents. Un exemple typique pour les parents d’enfants opposant est le suivant: lorsqu’il joue seul, de manière calme et posée, on évitera à tout prix d’aller voir l’enfant pour ne pas briser ce beau moment de paix. On perçoit l’enfant comme une bombe sur le point d’exploser et on évite cette bombe, de peur de provoquer l’explosion. Ainsi l’enfant qui a à ce moment un comportement exemplaire, ne recevra aucune attention de la part de ses parents. Il aura tôt fait de réaliser que la meilleure façon d’obtenir cette attention sera d’exploser…
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Le Trouble des conduites
Le trouble des conduites est un modèle de comportement récurrent ou persistant dans lequel l'enfant bafoue les droits d'autrui ou les principales règles ou normes sociales liées à son âge. Le diagnostic repose sur les critères cliniques. Le traitement des troubles concomitants et la psychothérapie peuvent obtenir des résultats; cependant, de nombreux enfants demandent une supervision intensive.
La prévalence d'un certain niveau de trouble des conduites est d'environ 10%. Le début du trouble se situe habituellement à la fin de l'enfance ou au début de l'adolescence et est plus fréquent chez les garçons que chez les filles.
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Les enfants atteints d'un trouble des conduites semblent n'avoir aucun remord et violent à plusieurs reprises les droits d'autrui (p. ex., en intimidant, menaçant ou en causant des lésions, ou en usant de cruauté envers les animaux), parfois sans aucun signe d'irritabilité.
Il est probable que l'étiologie en soit une interaction complexe de facteurs génétiques et environnementaux.
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