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Description
Souvent réduit au terme « hyperactivité » ou à des enfants turbulents, le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est pourtant un trouble complexe, difficile à repérer et qui associe différents symptômes. Le prendre en charge est essentiel pour les enfants et adolescents qui en souffrent au quotidien.
Vivre au jour le jour avec un enfant ou un adolescent ayant un Trouble Déficit de l’Attention / Hyperactivité et préparer son avenir, c’est affronter des défis incessants, épuisants et souvent démoralisants.
Définition du TDAH
Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble neuro-développemental chronique qui apparaît durant l’enfance et qui concerne de 3,5 à 5,6% des enfants d’âge scolaire en France.
Les causes du TDAH
Le TDAH n’est la «faute» de personne. Ce trouble est lié à des anomalies de développement et de fonctionnement du cerveau. La recherche montre que le TDAH semble résulter d’une insuffisance de substances chimiques cérébrales spécifiques (neurotransmetteurs) qui aident le cerveau à organiser et à régir la pensée et le comportement.
Comme 30 % à 40 % des personnes auxquelles on a diagnostiqué un TDAH ont des membres de leur famille qui souffrent du même trouble, on pense que les gènes sont au moins partiellement impliqués dans le processus.
Le TDAH n’est pas causé par des besoins affectifs non comblés ou par des problèmes psychosociaux, même s’il peut être exacerbé par ces facteurs. Bien que les parents, les enseignants et les conjoints ne soient pas la cause du TDAH, ils peuvent avoir une très forte incidence sur la capacité de la personne touchée à faire face à son trouble.
Il n’y a pas non plus de lien entre le TDAH et l’intelligence de la personne.
Les personnes souffrant d’un TDAH ont des difficultés d’attention et/ou d’impulsivité et d’hyperactivité qui affectent différentes sphères de leur vie (sociale, scolaire et professionnelle). Ce trouble se présente plus souvent chez l’enfant que chez l’adulte mais il persiste à l’âge adulte dans 65% des cas des enfants qui en sont atteints. On estime à environ 4% la prévalence de ce trouble chez la population adulte. Le TDAH n’est pas plus fréquent chez les garçons que chez les filles mais il se manifeste différemment : en général, les garçons présentent davantage d’hyperactivité et d’impulsivité tandis que les filles démontrent plus d’inattention.
Manifestations du TDAH, la règle des trois
Le TDAH est souvent réduit à l’expression « hyperactivité » induisant qu’il ne s’agit que d’enfants agités ou turbulents. Il s’agit au contraire d’un trouble qui associe 3 symptômes dont l’intensité et les manifestations varient selon la personne :
Trois caractéristiques
L’inattention
Prête difficilement attention aux détails;
A du mal à soutenir son attention (cours, lectures, conversation);
Ne semble pas écouter quand on lui parle;
Ne se conforme pas aux consignes et ne termine pas ses tâches;
Éprouve de la difficulté à planifier et à s’organiser au quotidien (travaux ou activités);
Évite ou fait à contrecœur les tâches qui demandent un effort mental soutenu;
Perd ses objets (notes de cours, agenda, livres, clés);
Est facilement distrait par des stimuli externes;
Fait des oublis fréquents (rendez-vous, rencontres).
L’hyperactivité
Remue souvent les mains et les pieds, bouge sur son siège;
A de la difficulté à rester assis;
Court et grimpe (chez l’adulte : bougeotte);
A de la difficulté à rester tranquille (travail et loisirs);
Est souvent « sur la brèche », ou survolté;
Parle trop.
L’impulsivité
Répond aux questions avant qu’elles ne soient formulées;
Arrive difficilement à attendre son tour;
Interrompt souvent les autres ou impose sa présence (fait irruption dans les conversations).
Trois conditions indispensables
En décalage avec les enfants de son âge
Symptômes présents avant l’âge de 5 ans
Symptômes présents dans toutes les situations
Trois sous-types
Le degré de difficultés occasionné peut varier de léger à sévère selon les enfants
Type 1 : « hyperactif-impulsif » prédominant
Type 2 : « inattentif » prédominant
Type 3 : « combiné ou mixte », la majorité des enfants
A savoir : Le défaut de prise en charge adaptée et précoce de cette pathologie peut avoir des conséquences sévères car le Trouble Déficit de l’Attention / Hyperactivité (TDAH) persiste à l’adolescence et à l’âge adulte dans environ 60% des cas.
Les études à long terme montrent les personnes atteintes abandonnent davantage l’école (32%-40%), accèdent moins aux études supérieures (22%-77%), ont peu ou pas d’amis, perdent plus facilement leur travail ( 55%-23%), commettent plus d’actes antisociaux, ont un risque plus élevé : d’usage de tabac (à 17 ans 46% des jeunes TDAH contre 24% des non TDAH), fument plus tôt (15,5 ans au lieu de 17,4 ans) et sont plus souvent alcooliques.
Mais également, les jeunes qui grandissent avec le TDAH ont davantage de grossesses précoces, sont plus touchés par des maladies transmises sexuellement, ont plus d’accidents de voiture et conduisent plus rapidement, sont plus vulnérables à la dépression, aux troubles de la personnalité à l’âge adulte.
Le rôle des fonctions exécutives
Un grand nombre d’études ont démontré, chez les personnes atteintes d’un TDAH, un déficit de certaines fonctions exécutives, c’est-à-dire des processus cognitifs liés à la planification, à la pensée abstraite et au contrôle cognitif. Chez les personnes ayant surtout des symptômes d’inattention, on observe une lenteur dans l’exécution d’une tâche (ex. : difficulté à terminer une tâche, à se concentrer et perte fréquente d’objets). Par contre, si l’hyperactivité ou l’impulsivité domine, il s’agit plutôt d’un déficit d’inhibition (ex. : incapacité à patienter dans une file d’attente ou tendance à répondre trop rapidement à une question d’examen occasionnant des erreurs).
Le modèle de Thomas E. Brown (2005) précise que le problème concerne l’activation et le maintien de six fonctions exécutives importantes : l’activation, le focus, l’effort, la régulation des émotions, la mémoire et l’action. Selon ce modèle, les individus ayant un TDAH seraient aptes à exercer adéquatement chacune de ces fonctions de base mais dans certaines conditions (ex. en cas d’urgence ou si engagé dans une activité ayant un niveau d’intérêt immédiat). Le Dr Annick Vincent (2005) abonde dans le même sens : « Le TDAH n’est pas un manque d’attention mais bien une difficulté à moduler, à freiner et à inhiber.»
Diagnostic
Un enfant ayant un TDAH se distingue d’un enfant « simplement distrait ou turbulent », non par la nature des symptômes qui ne sont pas différents des comportements survenant chez un enfant sans TDAH, mais par leur caractère ancien, permanent, envahissant et leurs conséquences néfastes. Par comparaison avec ce qui est habituel chez un autre enfant du même âge, les symptômes du TDAH se manifestent avec une fréquence élevée, dans différents lieux et dans différentes circonstances, à l’école, en famille, dans le sport, les loisirs et les jeux. Ces aspects démarrent tôt dans la vie et ne connaissent que des évolutions lentes au long du développement de l’enfant. Enfin ils ont des conséquences graves, observables dans les apprentissages et les relations de l’enfant avec ses pairs et son entourage.
Le diagnostic du TDAH reste, à l’heure actuelle, uniquement clinique chez l’enfant, l’adolescent ou l’adulte. Il se fonde sur le recueil le plus précis possible des symptômes, l’observation et l’interrogatoire concernant l’état actuel et antérieur, auprès du patient et auprès de tiers. Aucune autre méthode ne permet d’affirmer ou d’écarter le diagnostic chez un patient.
Le diagnostic ne peut être posé que par un médecin ayant acquis une compétence dans le diagnostic et la prise en charge de ce trouble : psychiatre, pédopsychiatre, pédiatre, neuropédiatre ou neurologue. Ce diagnostic consiste à écarter préalablement toutes les causes possibles d’hyperactivité, avant d’envisager le diagnostic d’un TDAH. Le médecin qui pose le diagnostic est chargé de confirmer ou non le pré-diagnostic du médecin de premier recours (pédiatre, médecin de famille), d’élaborer une prise en charge adaptée à l’enfant et d’accompagner l’enfant et la famille.
L’évaluation du TDAH est complexe en raison des symptômes similaires pouvant découler de certains troubles mentaux. En effet, dans plus de la moitié des cas, le TDAH est associé à d’autres problèmes psychologiques, tels que les troubles anxieux et de l’humeur, la toxicomanie et les problèmes relationnels. On trouve également énurésie et encoprésie, tics et Syndrome de Gilles de la Tourette.
Plusieurs d’entre eux présentent aussi fréquemment des troubles des apprentissages comorbides comme la dyslexie, la dyspraxie, la dysphasie.
Le diagnostic des troubles comorbides nécessite également des bilans de spécialités variées, orthophonie, psychomotricité, ergothérapie, neuropsychologie, …
Au cas par cas, le bilan d’un TDAH comprend bien souvent : un bilan d’orthophonie devant des troubles de l’acquisition du lange oral ou écrit, un bilan psychomoteur et/ou d’ergothérapie devant des troubles de la coordination motrice ou du traitement des informations visuo-spatiales, un bilan logico-mathématique devant des troubles de l’acquisition du calcul et un bilan neuropsychologique pour la vitesse de traitement de l’information, la capacité en mémoire de travail et la capacité d’inhibition.
Même si ces tests neuropsychologiques ne fournissent qu’un avis incertain, même administrés dans les meilleures conditions par un professionnel expérimenté. Une proportion élevée des patients avec un TDA/H avéré ont des résultats dans les limites de la normale et, inversement, des résultats anormaux se rencontrent dans d’autres situations que le TDA/H, telles que la fatigue, l’anxiété, la dépression, etc…
Dans tous les cas, ces bilans seront essentiels pour évaluer les compensations à mettre en place tout au long du parcours scolaire.
Il n’est pas rare que plusieurs troubles comorbides soient présents, brouillant les pistes et occultant le TDAH. Deux risques opposés existent, tous deux également préjudiciables pour l’enfant : ces troubles comorbides éclipsent le TDAH, retardant ou empêchent son diagnostic ou encore, ces troubles comorbides sont négligés une fois que le diagnostic de TDAH est posé.
Concernant les « examens complémentaires » habituellement utilisés en médecine (dosages biologiques sanguins ou urinaires, imagerie cérébrale, électro-encéphalographie, …), ils ne fournissent aucun argument pour affirmer ou écarter un diagnostic de TDAH, en l’état actuel des connaissances scientifiques. Leur utilisation est réservée exclusivement aux protocoles de recherche scientifique, employer l’un d’eux pour le diagnostic relève de la science-fiction.
De même, les questionnaires et les échelles d’évaluation (comme les célèbres « échelles de Conners ») remplies par le patient (adolescent ou adulte), ses parents ou les enseignants distinguent très bien des groupes (personnes avec TDAH versus personnes indemnes), mais chez un patient donné leur fiabilité est insuffisante.
En résumé, tests, questionnaires et échelles d’évaluation sont irremplaçables dans les protocoles de recherche menés sur des groupes ; chez un individu particulier, ils ne sont qu’un appoint au diagnostic, à utiliser avec précautions, et ils ne se substituent jamais à l’analyse du clinicien.
Un diagnostic solide et prudent repose donc sur le recueil assez couteux en temps d’un faisceau de témoignages à mettre en perspective les uns par rapport aux autres, avec éventuellement les consultations d’autres spécialistes.
Il est à noter que chaque personne ayant un TDAH peut présenter ces symptômes à différents degrés de sévérité. De plus, les symptômes doivent se maintenir dans le temps et avoir un impact significatif sur le fonctionnement de la personne. Il faut aussi garder à l’esprit que tous les enfants hyperactifs ne souffrent pas de Trouble Déficit de l’Attention / Hyperactivité car l’hyperactivité peut avoir plusieurs origines possibles.
Une description du TDAH
Les enfants concernés sont difficiles à gérer au quotidien. Ils font du bruit, ont besoin de toucher à tout, manipulent sans cesse quelque chose avec les mains, sont incapables d’attendre leur tour, oublient et perdent leurs affaires. Leur humeur varie sans que l’on sache pourquoi. Ils réagissent toujours très vivement aux évènements qui les entourent avec des réactions inappropriées et démesurées. Ces enfants sont vécus par l’entourage, familial, social, scolaire comme très difficiles à gérer et sont de ce fait souvent rejetés, punis, mis de côté. Et pourtant, ces enfants sont en quête permanente d’affection et souvent angoissés.
Leur imagination débordante, leur grande créativité, leur hyperactivité pour de très nombreux projets et leur grand intérêt pour tout ce qui les entoure, permettent des échanges riches, à la condition de créer un environnement serein et calme.
Avant l’âge de 5 ans, le diagnostic de TDAH est plus difficile à poser. Pourtant, il peut être suspecté chez un petit enfant très agité, qui court partout et qui bouge dans tous les sens avec une inconscience du danger.
Quand ils sont un peu plus grand (6 ans), leur hyperactivité motrice interpelle les parents. Comme c’est l’âge où il rentre dans les apprentissages scolaires et les activités collectives, l’enseignant le remarque plus bruyant, plus remuant et plus brute que les autres ; ce qui conduit bien souvent les parents à consulter leur médecin ou leur pédiatre.
Après l’âge de 12 ans, l’hyperactivité motrice a tendance à s’estomper et ce sont plutôt le déficit d’attention et l’impulsivité qui prédominent.
La prise en charge est pluridisciplinaire avec orthophonie, psychomotricité, remédiation cognitive, mais aussi psychothérapies (thérapies comportementales et cognitives, des thérapies individuelles ou de groupes s’adressant ou à l’enfant ou à la famille), un traitement médicamenteux par Méthylphénidate dès que nécessaire (noms commerciaux : Ritaline®, Concerta® et Quasym®).
La prescription de psychostimulants, bien que controversée, a démontré son efficacité. Les effets bénéfiques des thérapies comportementales ont été décrits. Il est aussi important que les parents soient bien aidés pour bien comprendre le trouble de leur enfant et adopter des attitudes positives.
Il est nécessaire de demander un PPS pour mise en œuvre des besoins de compensation tout au long de la scolarité.
TDAH : recueil des symptômes
Les symptômes d’inattention sont peu spectaculaires, souvent méconnus, et leur retentissement néfaste risque d’être imputé à d’autres causes. Les symptômes de l’hyperactivité sont beaucoup plus dérangeants, ils n’échappent jamais à l’observation de l’entourage chez un enfant « agité en
permanence, et depuis toujours », ainsi qu’on le décrit habituellement.
Les symptômes de l’impulsivité sont couramment rattachés à ceux de l’hyperactivité, on parle alors d’« hyperactivité-impulsivité ».
Mais il existe bel et bien des enfants inattentifs et impulsifs, sans hyperactivité marquée.
D’autres symptômes se rencontrent souvent chez les patients ayant un TDA/H :
- excitabilité et colères, labilité de l’humeur et insatisfaction formant une « dysrégulation émotionnelle » ;
- difficultés relationnelles et isolement témoignant d’une maladresse sociale et rapprochant certains patients avec TDA/H des autistes de haut niveau cognitif ;
- difficultés d’initiation et d’organisation des tâches de toutes natures, participant à une altération des fonctions exécutives ;
- cortège d’autres signes aux confins avec les traits de personnalité, tels qu’entêtement, intolérance à l’ennui, attrait pour la nouveauté, goût du risque.
Certains symptômes sont directement observables, d’autres nécessitent un interrogatoire et le recueil d’informations sur l’état antérieur, y compris auprès de tiers.
Pour un enfant ou un adolescent, l’entretien avec les parents recense les symptômes actuels et leur évolution antérieure ; l’observation et le témoignage de l’enfant lui-même renseigne sur ses difficultés actuelles de comportement et de concentration, et sur les symptômes « internalisés » (anxiété, mauvaise estime de soi, démoralisation,…) souvent associés au TDAH ; le recueil d’information auprès des enseignants concerne l’attitude actuelle à l’école ; de même auprès des adultes encadrant les activités extrascolaires (sports, arts, …) ; enfin la lecture de l’ensemble des bulletins trimestriels contribue à l’histoire passée des troubles dans le milieu scolaire.
Chez l’adulte, le principe est le même, mais avec deux difficultés supplémentaires à surmonter : la qualité et la fiabilité variables des souvenirs concernant l’enfance, la difficulté ou l’impossibilité fréquente de recueillir les témoignages de tiers, en dehors de la famille proche dans le meilleur des cas.
Des arguments épidémiologiques et statistiques sont utilisés pour définir une frontière artificielle au delà de laquelle le diagnostic est posé, par exemple la présence d’au moins 6 critères sur 9 d’inattention ou d’hyperactivité-impulsivité, pendant au moins 6 mois, à un degré qui ne correspond pas au niveau de développement et qui a directement des conséquences négatives sur les activités sociales et académiques/professionnelles. Par exemple :
Inattention
– Souvent ne parvient pas à prêter attention aux détails ou fait des fautes d’étourderie dans les devoirs scolaires, le travail ou d’autres activités (ex : néglige ou oubli des détails, le travail n’est pas précis).
– A souvent du mal à soutenir son attention au travail ou dans les jeux ( ex : a du mal à rester concentré durant un cours, une conversation, la lecture d’un texte long).
– Semble souvent ne pas écouter quand on lui parle personnellement (ex : leur esprit semble ailleurs, même en l’absence d’une distraction manifeste).
– Souvent, ne se conforme pas aux consignes et ne parvient pas à mener à terme ses devoirs scolaires, ses tâches domestiques ou ses obligations professionnelles (ex : commence le travail mais perd vite le fil et est facilement distrait).
– A souvent du mal à organiser ses travaux, devoirs ou ses activités (ex : difficultés à gérer des tâches séquentielles, difficultés à conserver ses outils et ses affaires personnelles en ordre, complique et désorganise le travail, gère mal le temps, ne respecte pas les délais fixés). Est désorganisé et oublie fréquemment ses affaires.
– Souvent évite, a en aversion, ou fait à contrecœur les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu (ex : le travail scolaire ou les devoirs à la maison ; pour les adolescents et les adultes, préparation de rapports, formulaires à remplir, revoir un long article).
– Perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses activités (matériel scolaire, crayons, livres, outils, portefeuille, clés, papiers, lunettes, téléphone mobile).
– Souvent se laisse facilement distraire par des stimuli externes (pour les adolescents et les adultes, cela peut inclure passer du « coq à l’âne »).
– A des oublis fréquents dans la vie quotidienne (ex : faire les corvées, les courses ; pour les adolescents et les adultes, répondre à ses appels, payer ses factures, respecter ses rendez-vous).
* A l’adolescence, il y a toujours des difficultés à s’organiser, des difficultés pour les devoirs du soir. Il est toujours facilement distrait et s’ennuie vite.
* Adulte, il n’écoute pas les instructions, a du mal avec la paperasse et l’administration, se sent vite débordé par les longs projets, oublie ses engagements. Il est toujours désorganisé avec une mauvaise gestion du temps et est souvent en retard à ses rendez-vous. Il porte peu d’attention sur les détails.
Hyperactivité et impulsivité
– Remue souvent les mains ou les pieds ou se tortille sur son siège, il est toujours en mouvement.
– Ne sait pas s’occuper calmement.
– Se lève souvent en classe ou dans d’autres situations où il est supposé rester assis (ex : se lève de sa place en classe, au bureau ou à son travail, ou dans d’autres situation qui nécessitent de rester assis).
– Court, grimpe, saute sans raison (remarque : chez les adolescents ou les adultes, cela peut se limiter à un sentiment d’agitation).
– A tendance à faire pipi au lit.
– A souvent du mal à se tenir tranquille dans les jeux ou les activités de loisir.
– Est souvent « sur la brèche » ou agit souvent comme s’il était « monté sur ressorts » (ex : incapable ou inconfortable de se tenir immobile pendant un long moment, comme dans les restaurants, les réunions ; peut être perçu par les autres comme agité, ou comme difficile à suivre).
– Souvent, parle trop.
– Laisse souvent échapper la réponse à une question qui n’est pas encore entièrement posée (ex : termine la phrase de leur interlocuteurs ; ne peut attendre son tour dans une conversation).
– A souvent du mal à attendre son tour (ex : lorsque l’on fait la queue)
– Interrompt souvent les autres ou impose sa présence (ex : fait irruption dans les conversations, les jeux ou les activités ; peut commencer à utiliser les biens d’autrui, sans demander ou recevoir leur autorisation ; pour les adolescents et les adultes, peut s’immiscer ou s’imposer et reprendre ce que d’autres font).
* A l’adolescence, il se sent agité et à cran, paraît occupé mais fait peu de choses, ne sait toujours pas s’occuper calmement, toujours en mouvement.
* Adulte, il est nerveux, a la bougeotte avec ses membres, a du mal à rester assis longtemps, parle excessivement.
Part de l’impulsivité
* Enfant, il interrompt les autres, n’écoute pas les réponses, n’attend pas son tour.
* A l’adolescence, il interrompt toujours les autres et aura un risque est plus important pour les expérimentations de drogues (cannabis, amphétamine, cocaïne, ..), les rapports sexuels non protégés, plusieurs partenaires sexuels, un tempérament explosif (parents, …), des crises de rage atypique (1 heure), les accidents moto/auto.
* Adulte, les risques seront plus nombreux pour des changements de jobs fréquents et impulsifs, l’abus d’alcool et de tabac, la vitesse excessive, d’accidents moto/auto. Il conservera un tempérament explosif, continuera d’interrompre les autres, fera des dépenses impulsives et aura probablement des relations extraconjugales.
Mais aussi :
– Certains des symptômes d’hyperactivité/impulsivité ou d’inattention étaient présents avant l’âge de 12 ans.
– Certains des symptômes d’inattention ou d’hyperactivité/impulsivité sont présents dans deux ou plus de deux types d’environnement différents (ex : à la maison, l’école, ou le travail ; avec des amis ou des relations ; dans d’autres activités).
Remarque : les symptômes ne sont pas seulement la manifestation d’un comportement d’opposition, d’une déficience, hostilité, ou de l’incompréhension de tâches ou d’instructions. Pour les grands adolescents et les adultes (âgés de 17 ans et plus), au moins 5 symptômes sont exigés.
Mais le nombre de symptômes est loin d’être le seul élément déterminant. D’autres éléments comptent également beaucoup : l’ancienneté, l’intensité et la fréquence des symptômes. Un retentissement significatif doit être présent, et il l’est généralement dans de nombreux domaines de la vie de l’enfant qui est le premier à souffrir du TDA/H, non seulement dans ses apprentissages scolaires, mais aussi dans ses jeux et sa vie relationnelle.
Chez l’adulte, le retentissement doit être évalué dans la vie sociale, familiale, professionnelle, et dans tous les domaines où il doit exercer une responsabilité (conduite automobile, par exemple).
Quelques conseils
D’abord, il faut apprendre à éviter les crises et pour cela il faut apprendre à démonter le mécanisme qui entraîne la crise. Puis, petit à petit, prendre du recul sur les évènements qui précèdent la crise et situer ce qui va être déclencheur, de façon à contourner ou prévenir à l’avenir. Il faut réussir à faire prendre conscience à l’enfant du déclencheur possible.
Ne pas oublier de valoriser et encourager les bons comportements et n’intervenir que sur des mauvais comportements intolérables. Il faut être tolérant si l’on veut être efficace.
Proposer pour chaque mauvais comportement le bon comportement correspondant
Valoriser l’enfant quand il est gentil, calme et agréable.
Faire des compliments et dire son amour pour lui parce que même si on aime ces enfants, ça va mieux quand on le dit.
Mettre de l’humour dans son discours, leur apprendre l’autodérision (savoir se moquer de ses excès).
Et surtout, positiver toutes les situations
L’aider à se structurer, à se repérer
Mettre en place des rituels.
Découper le temps, découper les tâches, une seule à la fois.
Avec un « STOP », leur apprendre à réfléchir avant d’agir.
Avec « 1. 2. 3 », leur apprendre à exécuter les demandes sans délais.
Avoir des demandes claires et ne pas hésiter à les répéter.
Poser, définir des limites.
Etre très strict et constant sur une demande ou un refus. Ne jamais laisser croire à un enfant que son insistance et/ou son chantage fonctionnent. Mais mesurer ses propres exigences envers lui.
Etre régulier, clair et solide. Faire front ensemble dans un couple.
En cas de crise de colère : isoler l’enfant dans un lieu présentant un environnement calme et le bloquer dans ses bras.
TDAH chez l’adulte
Le déficit de l’attention
C’est le seul symptôme systématiquement présent chez tous les adultes TDAH, mais à lui seul il peut entrainer tous les autres. Le déficit d’attention avec ou sans hyperactivité a des implications à chaque minute sur leurs comportements, leurs pensées, leurs émotions puis sur leurs traits de caractères au fur et à mesure qu’ils avancent dans la vie et qu’ils développent des stratégies de compensation.
Il s’agit en fait d’une hyperactivité cérébrale entrainant une inconstance de l’attention qui va de la distraction à l’hyper focalisation selon leurs niveaux de motivation et d’énergie. Une flexibilité mentale anormale donc, qui les empêche de se concentrer normalement et durablement sur toutes les tâches du quotidien qui permettent d’avancer dans la vie. Leurs émotions dans les deux sens amplifient tout en provoquant des blocages puis des moments de panique, éventuellement des comportements/paroles impulsives voire destructrices. Leurs tâches et travaux peuvent être ainsi souvent reportés car trop murement réfléchis ou au contraire bâclés.
La pensée ou l’action en cours n’est jamais aussi intéressante que la pensée suivante (hypo-actifs) ou l’action/parole suivante (hyperactifs/impulsifs), donc c’est une fuite en avant sans fin, un papillonnage cognitif et éventuellement comportemental. On les qualifie souvent depuis la plus tendre enfance de distraits, absents, rêveurs, dans leur bulle, dans les nuages, avec des remarques sur les bulletins scolaires du type « manque d’attention », « peut mieux faire » , …
Beaucoup n’apprennent pas de leurs erreurs, certains ont conscience de ce mode de fonctionnement et veulent en changer mais n’y arrivent pas pour la plupart, car c’est plus fort qu’eux, de par la nature neurologique du trouble et le poids des habitudes ancrées depuis l’enfance. Heureusement la prise de conscience de souvent émerger de nombreuses solutions que l’on va parcourir sur ce site.
Beaucoup alternent des phases d’hyperactivité, hypoactivité et impulsivité décrites ci-dessous. Cela peut paraître bizarre qu’un même désordre neurologique, le déficit d’attention, puisse entrainer, selon les individus ou les périodes, deux symptômes aussi opposés que l’hyperactivité et l’hypoactivité. C’est pourtant la réalité et ceux qui alternent entre ces deux extrêmes en sont souvent désorienté.
TDAH, quelques conseils
Au quotidien pour réguler l’attention, maintenir un bon niveau d’énergie et d’humeur sans excès de stress ou d’anxiété, on s’attachera à avoir un bon sommeil, une bonne respiration, une bonne hygiène alimentaire sans hypoglycémie, de l’exercice physique, des pratiques de calme mental (relaxation, ballade en nature, yoga, méditation), ainsi que des techniques anti-procrastination et d’amélioration des relations humaines, et surtout adapter sa vie à ce trouble. Pour certains, et sur la plus courte période possible puis certains jours à la demande, un médicament comme la ritaline peut aider, mais souvent avec des effets secondaires malsains sur la santé ou sur les comportements et qui peuvent s’avérer au fil du temps bien supérieurs aux bénéfices.
Hyperactivité
A l’âge adulte, l’agitation motrice anormale (hyperkinésie) à l’âge enfant n’est souvent plus là. Il s’agit plus souvent d’une agitation de certains membres, une tension ou un bouillonnement interne, une impossibilité de rester longtemps assis ou debout au même endroit, et surtout un enchainement important d’activités inachevées et éventuellement de paroles incessantes, pas souvent opportunes ou réfléchies. Certains disent qu’ils ont l’impression d’avoir plusieurs moteurs à l’intérieur d’eux-mêmes, dans la tête et les jambes.
Certains suivent toutes leurs idées en même temps et essayent de mener les tâches correspondantes en parallèle, pas toujours avec succès. En plus de leur mental trop actif, ce sont souvent les stimuli extérieurs qui les déconcentrent, les fait zapper et les empêchent de mener leurs affaires à terme; tout cela rythmé par un enthousiasme trop rapide et trop fréquent. Ils peuvent être excessifs dans ce qu’ils pensent et font, étant obligés de mettre la barre très haute pour trouver la motivation et donc la concentration qui les soulage de leurs pensées incessantes. Certains prennent des risques physiques pour sortir régulièrement de leur prison mentale et émotionnelle.
Ils ressentent une excitation interne permanente qui les empêche de rester tranquilles mentalement et physiquement. Ils ont du mal à travailler derrière un bureau, certains se sentent comme un lion en cage à la maison, d’autres décrivent un bourdonnement incessant dans leur tête. Contrairement aux hypo-actifs, ils commencent beaucoup de choses à la fois, mais souvent sans les achever car ils sont très facilement distraits par les stimuli intérieurs (pensées et émotions) et extérieurs (évènement visuel ou sonore). C’est toujours l’action suivante qui est plus motivante que la poursuite de l’action en cours pourtant préalablement désignée comme prioritaire.
D’autres arrivent à achever beaucoup de tâches mais au prix d’efforts ou de stress incompatible avec une vie épanouie. Ils utilisent alors souvent leur capacité à hyper-focaliser pour terminer ce qu’ils entreprennent, au détriment d’autres activités trop routinières pour eux. Ils veulent tellement faire de choses dans une journée, que même s’ils sont assez efficaces, ils en seront toujours insatisfait car ils aimeraient faire encore plus. De plus leur état de stress ou d’épuisement ne leur permet pas de profiter de leurs acquis et succès.
Hypoactivité
C’est en apparence l’opposé de l’hyperactivité. Comme les hyperactifs, cela provient d’une hyperactivité cérébrale forte ou plutôt vaporeuse, souvent décrite comme une purée de pensées inconsistantes faites de milliers de micro-pensées par jour sans fil conducteur, et qui les empêchent de passer à l’action car ils sont moins énergiques que les hyperactifs. Ils zappent, oublient, butent sur les tâches quotidiennes et indispensables. Ils n’arrivent pas à attraper une idée, trop floue ou moins intéressante que celle qui arrive juste derrière.
Contrairement aux hyperactifs, ce sont leurs propres pensées et émotions qui les distraient de leur tâche ou conversation en cours, plutôt que les stimuli extérieurs.
Cette rêvasserie peut être agréable mais souvent cela les empêche d’avancer dans la vie et cela peut finalement amener à des impasses déprimantes à partir d’un certain âge.
Ils ressentent souvent un manque d’énergie ou alors une inconsistance des pensées, rendant impossible la formulation d’objectifs, la prise de décision et la mise en mouvement pour agir. Jamais dans l’instant présent, ils ont trop de pensées et c’est comme dans un embouteillage, quand il y a trop de véhicule, c’est l’immobilité complète avec une chute d’énergie et souvent aussi une chute d’humeur. Certains décrivent un manque d’intérêt général pour la vie, on parle alors de dysphorie (l’opposé de l’euphorie), avec des envies tellement brèves qu’elles ne se concrétisent pas.
Contrairement à beaucoup d’hyperactifs, ils parlent peu, certains presque jamais, même s’ils ont un dialogue interne très intense, souvent lié aux conséquences même de ce trouble sur leur vie. Ils ne font qu’une seule chose à la fois et plus souvent rien du tout car ils ont du mal à se mettre en mouvement. Beaucoup sont perdus dans leur monde intérieur, un rêve éveillé sans fin, en fonctionnant en mode « distrait » pour les aspects pratiques de leur vie sans pouvoir les automatiser, ce qui leur cause beaucoup de problèmes d’oubli et de perte de temps. On dira d’eux qu’ils sont dans la lune ou qu’ils planent.
Ce sous-type TDA à prédominance d’inattention peut s’apparenter à ce que les anglophones appellent « Sluggish cognitif tempo » (rythme cognitive lent en français). Des chercheurs pensent qu’il s’agit d’un trouble différent, mais qu’on classe ces gens dans cette catégorie TDA faute de mieux. Les gens ayant ce type ont un rythme de pensée plus lent que la moyenne, une indécision chronique, des rêvasseries constantes, un état léthargique chronique avec pour certains une trop forte facilité d’endormissement qui va jusqu’à la narcolepsie.
Impulsivité
Si elle existe, l’impulsivité peut être visible et audible, souvent liée à une hyper-réactivité aux émotions. Mais beaucoup peuvent rester calmes extérieurement, jusqu’à la goutte qui va faire déborder le vase, soit dans le domaine professionnel soit personnel.
L’impulsivité peut faire prendre de mauvaises décisions comme quitter prématurément une relation ou un job sur un coup de tête. Mieux contrôlée elle permet de dynamiser les échanges ou de ne pas s’enliser dans une situation sans avenir, comme par exemple un job incompatible avec le TDAH, c’est à dire qui demande beaucoup de rigueur et de régularité sans créativité ni autonomie. Combiné à la distraction, l’impulsivité est une des causes majeures d’accidents de la route chez les TDA/H, plus fréquents que la moyenne des gens dans les statistiques américaines.
Certains peuvent être très irritables ou colérique, et être ainsi de vrais tyrans avec leur proches, souvent sans en être vraiment conscients sur le moment. D’autres ressentent une forte irritabilité quand il y a trop de stimuli ou quand ils se sentent dépassés, comme un orage intérieur qui ne fait que passer mais qui peut déconcerter ou blesser leur entourage. Certains peuvent bloquer cette hyper-émotivité mais répriment leurs émotions qui vont se stocker dans le corps et générer des tensions qui peuvent se transformer un jour en maladies psychosomatiques de toutes sortes.
Beaucoup piquent souvent une crise de nerf ou « pètent un plomb », certains se sentent dirigés par un monstre à l’intérieur d’eux. Consécutivement, une culpabilité peut les déprimer pendant quelques jours. Certains ont la présence d’esprit de se retirer au lieu d’agresser leur entourage. D’autres sont des agresseurs permanents.
Cette impulsivité peut générer dés l’enfance et au fil du temps des troubles importants du comportement :
– Des troubles oppositionnel avec ou non provocation (TOP), des comportements négatifs face aux figures d’autorité. Cela reste souvent une attitude interne négative permanente qui s’oppose à tout ce qui se dit et se passe autour de soi, avec de l’agacement, de la colère, ou des ruminations interne seulement. Un trouble de l’opposition d’un enfant TDAH peut évoluer à l’âge adulte vers une associabilité et une solitude extrême.
– Des troubles des conduites (TC), comportements agressifs (bagarre, menace, vol , fraude, …) à l’adolescence, qui peuvent évoluer vers une délinquance extrême qui se terminera alors en prison car le manque d’anticipation et de réflexion ne leur permettra pas d’échapper aux autorités à l’âge adulte.
Fonctions cognitives et exécutives déficitaires
Mémoire de travail faible, difficultés d’organisation, difficultés de gestion des priorités, difficultés à la prise de décision, difficultés à la perception du temps.
Du point de vue du neurologue, la base du trouble est principalement due à une inconstance de deux neurotransmetteurs, la dopamine et la noradrénaline, notamment au niveau de la partie supérieure du lobe frontal qui est le cortex frontal . Ces deux neurotransmetteurs servent à réguler les circuits de la récompense, du plaisir, de l’énergie et de la motivation. Leur présence irrégulière chez les adultes TDAH entraine une inconsistance de l’attention, du plaisir et de la motivation notamment pour les tâches ou les relations de la vie de tous les jours. Les nouvelles techniques comme l’imagerie cérébrale fonctionnelle (IRM fonctionnel) ont aussi montré récemment des altérations structurales sur d’autres parties du cerveau (Cervelet, ganglions de la base) chez les enfants et adultes TDAH.
La dopamine est le principal neurotransmetteur affecté par la TDAH. La plupart des adultes fluctuent entre une carence et un excès en dopamine ce qui explique la diversité des comportements associés au TDAH et aussi les attitudes extrêmes que l’on peut trouver chez une même personne.
– Carence en dopamine : Diminution des capacités intellectuelles, de la concentration, de la capacité de synthèse et de la prise de décision, mais aussi un repli sur soi et de la dépression apathique.
– Excès en dopamine : Impulsivité, dispersion de la pensée qui empêche de terminer les tâches, recherche excessive de plaisir pouvant générer des addictions ou alors des troubles obsessionnels-compulsifs (TOC).
Le cortex frontal sert à programmer, planifier, inhiber des comportements impulsif, mais aussi avoir une bonne flexibilité mentale c’est à dire être capable de s’interrompre si quelque chose de prioritaire survient en pleine action. Pour être attentif, on a besoin d’une bonne transmission de la dopamine dans ce cortex frontal, ce qui n’est pas souvent le cas avec le TDAH.
Cela se traduit de manière différente selon que l’on est dans une phase hyperactive ou hypoactive :
– je pense à une chose à faire qui me fait penser à autre chose, puis d’autres pensées arrivent encore, et je n’ai rien fait (hypoactifs).
– Je commence une tâche, je l’interromps pour commencer autre chose puis autre chose sans lien avec la tache prioritaire initialement commencée (hyperactifs)
Du point de vue neurologique, les fonctions exécutives sont regroupées en 6 familles :
– ACTIVATION : S’organiser, structurer, synthétiser, prioriser, décider et initier la tâche en géant le temps
– FOCUS : Maintient de l’effort et de la vitesse d’exécution, ou basculement vers une tâche plus prioritaire
– EFFORT : Ne pas perdre l’intérêt dans la tâche et faire face aux difficultés dans un temps donné
– EMOTION : Savoir moduler l’émotion pour ne pas s’emporter facilement, savoir gérer la frustration
– MEMOIRE : Capacité à conserver et rappeler l’information en mémoire durant une tâche ou conversation
– ACTION : autorégulation des actions, ralentir, s’activer ou s’adapter selon les situations ou les personnes
Chacune de ces 6 familles de fonctions exécutives peut poser un problème si on a un TDAH. Chacun peut faire son propre bilan neuropsychologique chez un neurologue moyennant finance, mais on peut résumer ci-dessous les principaux problèmes que rencontre la majorité des enfants et adultes TDAH : problèmes d’attention focalisée (concentration) et divisée (suivre plusieurs informations en simultané), problèmes de gestion des d’informations stockées dans la mémoire à court terme (mémoire de travail), difficulté à contrôler des comportements, des paroles ou des pensées inadaptées (capacité d’inhibition) , problèmes dans la formulation d’objectifs, l’anticipation, l’élaboration de stratégie et la prise de décision, problèmes dans la planification, l’organisation, la gestion des priorités et la gestion du temps.
Cette liste de déficits est insupportable pour ceux qui ont misé sur un style de vie ou un type de métier qui n’autorise pas ces dysfonctionnements. Ces déficits des fonctions cognitives et exécutives peuvent être un obstacle si on veut construire une vie trop conventionnelle nécessitant de la rigueur et de la régularité, avec beaucoup de frustration et le sentiment de ne pas s’accomplir. D’ou la nécessité de bien se connaitre pour faire des choix de style de vie, d’objectifs et de métiers compatible avec cette particularité neurologique, ainsi que respecter ses besoins et valeurs. Toute forme de forte et saine motivation peut permettre générer de la dopamine et noradrénaline afin d’avancer durablement sur ses projets.
Mauvaise estime de soi, de confiance en soi, d’affirmation de soi
Le TDAH dégrade souvent 2 ou 3 des niveaux d’assurance suivants :
- l’estime de soi : savoir accepter ses forces et ses faiblesses (et notamment les symptômes TDAH)
- la confiance en soi : savoir que l’on possède les ressources nécessaires pour faire face aux situations
- l’affirmation de soi : oser exprimer ses idées, sentiments et besoins pour s’épanouir avec les autres.
Une enfance pleine de remontrances ou d’humiliations ainsi qu’un début de vie d’adulte parsemé d’échecs entrainent souvent un sentiment d’infériorité. On les a traité de paresseux, mauvais travailleurs, stupides ou un peu fous, bizarres, fantasques, incontrôlables … De plus, l’ensemble des symptômes assez déroutants de ce tableau, l’irrégularité en terme d’énergie, d’humeur et de concentration, les fait douter par rapport à leurs projets et leurs relations avec les autres.
Beaucoup se dévalorisent eux-mêmes sans arrêt et ne vivent que pour le regard ou l’approbation des autres pour compenser ce sentiment d’infériorité. Du coup, ils ne sont pas souvent eux-mêmes et passent leur temps à jouer des rôles pour plaire aux autres, ne pas déplaire, ne pas passer pour un idiot, avec des rôles différents selon les gens et les situations, sans arriver à s’affirmer. Certains ont une estime de soi de façade car leurs parents avaient peut-être capitulé jusqu’au point de faire d’eux des enfants tyrans. Ceux-là se mentent donc en pensant qu’ils sont au dessus du lot, mais leur manque de confiance en eux les paralyse souvent dans leur vie courante et les rend impulsif voire violents physiquement ou verbalement.
Les conséquences de leur dévalorisation permanente sont nombreuses, et beaucoup ne vont jamais dire non, seront trop gentils, vont se faire exploiter par les autres ou vont être sujets à des injustices (quelquefois imaginaires), des brimades de la part des autres, jusqu’à ce qu’ils se rebellent, maladroitement souvent, et vont être étiqueté associables. A terme, ils peuvent développer inconsciemment un sentiment de méfiance permanent qui les conduit à la solitude. Beaucoup ne vont pas oser aller vers leurs talents et se contenter d’une vie conventionnelle qui leur semble peu épanouissante, mais qui peut toutefois leur éviter de grosses chutes.
Pour certains heureusement, des parents ou des enseignants plus compréhensifs dans leur jeune âge, ont pu atténuer cette dévalorisation personnelle, pour encourager et guider l’enfant, puis l’adolescent et l’adulte vers son potentiel. Pour certains une bonne intelligence cérébrale (plus rarement une bonne intelligence émotionnelle) les a aidés à trouver une voie adaptée à leur trouble sans en souffrir en permanence, par exemple à travers un emploi ou un loisir épanouissant mettant en œuvre leurs talents de créativité.
Pour ceux qui n’ont pas eu cette chance de trouver leur voie, une meilleure connaissance d’eux-mêmes à travers ce trouble, doublée de pratiques psychocorporelles quotidienne (voir manuel d’auto-coaching) leur permettra de retrouver rapidement cette confiance en eux, puis d’aller vers leurs vrais objectifs, les réussir et consolider ainsi une véritable estime d’eux-mêmes.
Ils ressentent très souvent une incapacité à fonctionner à plein régime, par rapport à leurs QI ou leur capacité à comprendre rapidement les choses. Le potentiel spécifique des adultes TDAH, orienté autour de la créativité et l’intuition, est souvent mal exploité. Ils se retrouvent dans des activités classiques demandant de la rigueur et de la régularité qui ne leur correspondent pas. D’autant plus qu’ils peuvent passer toute leur vie à coté de leurs vrais talents, qui pourraient être mis en valeur en faisant des choix parallèles ou plus osés. Leur manque de confiance en eux est souvent un obstacle.
Beaucoup n’arrivent pas à poursuivre un projet de vie durable et cherchent inlassablement de nouvelles voies professionnelles et sentimentales avec un sentiment d’insatisfaction fréquent. Certains ont quand même des périodes prolifiques du fait de cette quête de soi permanente. Mais souvent, quand ils arrivent à l’objectif qu’ils s’étaient fixés, celui-ci leur parait bien fade par rapport à l’émotion de départ qui les avait poussés à y aller. C’est donc souvent l’imagination ou le chemin pour arriver à l’objectif qui les motive et les concentre. Quand ils y arrivent ils en veulent toujours plus, et ne profitent pas des gains liés à l’atteinte de leur objectif. Certains se tirent même une balle dans le pied au moment d’atteindre leur objectif, en adoptant au fil du temps un comportement autodestructeur, symptôme qui caractérise plus spécifiquement le trouble borderline (trouble de la personnalité limite).
Ce sentiment de ne pas s’accomplir et de ne subir que des échecs est lié à une stratégie de compensation qu’ils ont adoptée très tôt pour ne pas accepter ce qu’ils sont et ce qu’ils font. Ils peuvent avoir une vie normale aux yeux des autres, c’est l’interprétation qu’ils font de leur vie et des situations de vie qui est souvent déformée. Certains font le point sur leur vie plusieurs fois par jour et ils bouclent là-dessus, au lieu d’apprécier leurs petits succès et développer ainsi un sentiment de gratitude. Beaucoup ont le syndrome de l’imposteur même s’ils réalisent finalement ce qu’on leur demande au dernier moment.
Il en résulte un sentiment d’insatisfaction quasi permanent surtout s’ils se sont mis en quête d’accomplissements non en phase avec leur TDAH, avec des ambitions basées sur les valeurs de la société ou de leurs parents (en phase ou en opposition), accentuées par leurs pics d’optimisme trompeur. S’ils n’apprennent pas à observer avec du recul leur système de pensées et d’émotions (voir chapitre Solutions Intérieures), ce sentiment va les accompagner dans la deuxième partie de leur vie, avec des souffrances psychiques ou l’impossibilité d’atteindre une certaine sérénité en prenant de l’âge.
Malgré un intérêt pour tout ce qui traverse leur esprit, ils se dispersent puis s’essoufflent, et tombent souvent dans des périodes inactives (hypo-actives) où l’ennui et la frustration prédominent. Les pensées vont trop vite dans leur tête pour en attraper une, ou bien elles sont trop nébuleuses pour agir. Ils ne trouvent pas assez de plaisir ou de motivation dans leurs relations et activités quotidiennes ainsi que les tâches incontournables d’un projet. Alors ils plongent dans l’ennui que les vrais hyperactifs vont souvent éviter en continuant à se disperser, alors que les hypoactifs, vont opter pour le désœuvrement. Beaucoup développent une intolérance à leur frustration qui se concrétise en énervement interne ou externe, pour certains en colère et pour d’autres en rumination interne voire en déprime chronique.
Ils n’ont pas la capacité à maintenir leur motivation pour leurs projets sur une longue période. Ils perdent beaucoup d’énergie dans l’ennui avec, soit une cogitation mentale incessante, soit une hyperactivité non productive, qui leur procure des émotions négatives. Celles-ci peuvent être la peur du rejet ou de l’humiliation, des pensées de critiques ou ressentiment envers les autres, de la culpabilité de ne rien faire ou de perdre son temps, etc.). Ces pensées sont très fluctuantes et peuvent être positives ou neutres en début de vie d’adulte, mais d’échecs en échecs (de leurs points de vue du moins), elles deviennent souvent fixes et négatives et peuvent se transformer en névroses en prenant de l’âge.
Ils alternent avec une impatience exagérée ou une passion extrême quand ils se connectent enfin à quelque chose, avec une hyper focalisation (voir symptôme suivant), un plaisir immédiat, ou une promesse de solution pour leur avenir, qui peut commencer par une frénésie de recherche sur le Web par exemple. Ils veulent des résultats rapides et enchainent les illusions et les désillusions, au lieu de passer en mode réalisation qui leur apporterait de vraies satisfactions. Certains se définissent un objectif quasi obsessionnel qui peut consister à reprendre des études laborieuses pour atteindre le métier qui leur semble idéal.
Pour finir, il peuvent développer un auto-sabotage fréquent, c’est à dire abandonner d’un coup ce qui les a captivés pendant des heures, parfois des jours ou des mois, même si c’est sur le point d’aboutir (avant l’examen par exemple), même s’ils ont eu ce qu’ils voulaient, comme si le but une fois atteint perdait d’un coup son intérêt de départ. Certains ne fonctionnent bien qu’en mode gratuité ou individuel et s’arrêtent quand arrive un enjeu financier ou relationnel, même s’ils ont besoin d’argent et de relations humaines. D’autres abandonnent quand les phases créatives de leur projet sont terminées, en refusant de passer en mode réalisation pour mener à bout leurs idées.
Dans les relations amoureuses ou amicales, cela peut se concrétiser par une insatisfaction systématique car le processus de séduction ou l’espoir de se sentir mieux à deux est bien plus gratifiant que la relation elle-même quand elle se réalise. Dans le domaine professionnel, ils ont besoin de nouveaux horizons et pratiquent souvent la politique de la terre brulée, où ils ne veulent même pas capitaliser sur ce qui les a passionné précédemment. Dans ce cas, ils doivent à chaque fois repartir à zéro avec comme conséquence une stagnation ou une régression des revenus financiers.
La distraction
La distraction est un symptôme majeur de ce trouble : toujours dans leurs pensées et rarement concentrés sur la tâche en cours, beaucoup d’entre eux oublient leur RDV, perdent leurs objets, ont des accidents de voiture et sont maladroits en général quand ils sont en mode routine. Ils sont plus malchanceux que la moyenne, certains sont de vrais chats noirs car l’inattention génère souvent des problèmes. Une minorité seulement reste insouciante ou amusée par cela. Pour la plupart, c’est une inquiétude permanente et des aléas quotidiens dans leurs vies. D’autres sont conscients de cela et l’évitent avec une discipline quasi militaire, utilisant leur surplus d’activité mentale pour tout optimiser afin de ne rien perdre et ne rien oublier, ce qui peut aller jusqu’à un trouble obsessionnel compulsif.
A l’opposé, Ils peuvent être hyper-focalisés sur ce qui les attire ou motive pendant quelques minutes, heures, jours, mois, en s’isolant exagérément, en se concentrant exclusivement sur cette chose à l’exclusion de toutes les autres. Ils en oublient parfois de manger et dormir et ignorent leur entourage jusqu’à être agressif. Cette hyper-focalisation est le moyen qu’ils ont trouvé au fil du temps pour arriver à se concentrer. Certains arrivent à réaliser des choses extraordinaires comme cela et même devenir célèbre même si cela ne les satisfait pas longtemps en général. Cela les empêche souvent d’avoir une vision plus large et plus équilibrée de la vie qui pourrait consister à la construction d’une famille par exemple, au lieu d’hyper-focaliser exclusivement sur leur travail.
Pour eux, une même tâche peut donc être difficile à commencer (distraction) et ensuite être difficile à arrêter car ils ont dû passer entretemps en mode « hyperfocalisation » pour l’exécuter. La distraction et l’hyper focalisation, bien qu’opposées, sont les deux formes principales de non maîtrise de l’attention, d’après les spécialistes de l’attention. L’attention normale serait celle qui permet d’avoir une attention partagée face à ce qui arrive à nos sens sans être perturbé par les pensées et émotions, avec une notion de priorité et d’urgence pour bien gérer les interruptions. Donc une concentration durable sur des tâches routinières, sans hyper focaliser ni papillonner vers des actions plus plaisantes ou addictives.
TDAH et procrastination
La procrastination est le fait de toujours reporter au lendemain ce qu’on pourrait et/ou devrait faire le jour même. Cela concerne les activités routinières mais aussi celles qui devraient être prioritaires. Ils commencent quelque chose pour aussitôt zapper vers autre chose de nouveau, finalement souvent sans rien achever. A la fin de la journée, ils n’ont rien fait ou n’ont pas fait ce qui était prioritaire, et certains sont quand même très fatigués par cette agitation cognitive et/ou comportementale.
La principale cause de la procrastination est le manque d’attention qui peut être due à une activité pas assez motivante et qui ne respecte pas leurs besoins, valeurs et talents. C’est aussi souvent lié à différentes formes de peurs et d’anxiété (peur de s’affirmer, peur de faire des mauvais choix), à un évitement d’une émotion désagréable associée à la tâche, à un perfectionnisme exagéré pouvant être lié à un manque de confiance en soi (peur de ne pas faire assez bien, peur de décevoir ou d’avoir une remontrance) ou à un besoin de trouver d’autres motivations plus fortes. Citons aussi la difficulté de décomposer la tâche en actions élémentaires, exécutées en mode séquentiel, ce qui permettrait de la rendre plus simple à réaliser.
Mais surtout cela devient au fil du temps des habitudes comportementales et cognitives, et qui peuvent commencent très tôt. En effet l’enfant TDA/H n’a pas d’autres système de défense que de faire traîner la tâche quand on lui demande de faire quelque chose de non motivant, nourrissant du même coup son tempérament rebelle ou son sentiment d’injustice. Pour d’autres, notamment les enfants précoces, leur facilité à travailler était telle lorsqu’ils étaient dans les petites classes ou encore aujourd’hui quand ils font quelque chose qui les intéresse, qu’ils ne supportent pas la moindre difficulté à se concentrer et préfèrent aller vers quelques chose qui leur procure plus de plaisir au lieu de terminer ce qu’ils ont commencé. Cela peut concerner une addiction ou plus simplement de la nouveauté, dans ce dernier cas, on les appelle les TDAH ou surdoués scanneurs.
Il s’en suit à l’âge adulte de grosses difficultés d’organisation pour arriver à un objectif ou assurer le quotidien, ce qui peut entrainer des problèmes financiers à terme. La plupart n’arrivent pas à planifier, mais bizarrement certains sont au contraire de grands planificateurs, pour se rassurer face à leur difficulté de passer à l’action, donc ça n’avance pas non plus. Certains ont besoins de tout maitriser avant de se lancer, à cause d’un perfectionnisme lié au manque de confiance en soi, il s’en suit alors souvent de longues recherches sur Internet par exemple, juste pour se rassurer. Beaucoup ont du mal à décomposer un objectif complexe en tâches unitaires et séquentielles, et à mettre les bonnes priorités.
Ils n’accrochent pas dans les activités routinières, ont du mal à se fixer des habitudes, des rituels ou des automatismes qui pourraient leur simplifier la vie, sauf certains qui développent au contraire des comportements quasi obsessionnels pour y remédier. Ils ont quasiment tous un gros problème avec les formalités administratives, ce qui peut leur faire perdre de l’argent ou les bloquer dans leurs objectifs principaux. On peut penser que dans les générations précédentes, les adultes TDA/H n’avaient pas toutes ces contraintes et vivaient mieux, notamment avec plus d’activités physiques au grand air.
Beaucoup ont aussi du mal à établir des priorités entre les tâches selon leur importance ou leur urgence. Certains se dissocient de la réalité en partant fréquemment dans leurs pensées avec une certaine insouciance en attendant d’être dans l’urgence. D’autres sont très lucides en s’évaluant et en se jugeant en permanence. Car c’est souvent la double peine pour tout une catégorie de procrastineurs, de type anxieux, car non seulement ils n’avancent pas dans leurs tâches à faire, mais ils y pensent sans arrêt, culpabilisent, même en plein weekend ou il faudrait qu’il fasse un break pour recharger leur batterie d’énergie.
Des périodes entières de leur vie sont des longues suites d’interruptions, des journées d’hypo-activité, de zapping ou d’hyper-focalisation sans lendemain, ainsi que des actions ou routines addictives. Mais beaucoup ont pris l’habitude de s’en sortir, tel des acrobates, en faisant les choses au dernier moment, avec de la peur ou de l’anxiété d’anticipation mais qui se transforme souvent comme par magie en stress positif quand la date ou l’heure approche.
Il s’agit du chaos des pensées et des émotions qui est à la porte de chaque être humain, mais les personnes non TDA/H l’évitent en se concentrant sur les tâches ordinaires. Les personnes TDA/H n’ont pas cette facilité, beaucoup ne peuvent pas lire un livre, ou tout au plus les premières pages si c’est le sujet du moment qui les passionne. Ils ne vivent pas l’instant présent, mais fabulent intérieurement sur ce qui se passe, se font des commentaires dans leur tête sans arrêt et pensent à tout autre chose que l’action ou la conversation en cours. Donc ils sont plus facilement assaillis par des pensées et des émotions négatives à force d’échecs répétés, et cela peut les déstabiliser. Avec ce chaos cérébral et ces émotions paralysantes, et selon l’auditoire, beaucoup ont du mal à s’exprimer oralement même sur un sujet qu’ils connaissent bien.
C’est plus que de la distraction ou une simple difficulté à organiser ses idées, tout se bouscule dans leur tête y compris lorsqu’il faut choisir des objectifs, prendre des décisions lors de moments importants. Ils pensent à plusieurs choses en même temps et souvent au mauvais moment. Par exemple, pendant un examen, une étudiante déclare avoir alterné entre le sujet de l’épreuve, la dispute avec sa mère de la veille, la liste de ses courses du jour et le sport qu’elle pratiquera l’année suivante, et aussi des centaines de pensées furtives et incohérentes générées par l’émotion de l’examen. Heureusement dans son cas, la concentration est revenue pendant la dernière heure où elle n’a plus eu le choix grâce à un stress positif survenu de lui-même.
Comme tout le monden ils ont des objectifs de vie à chaque âge de leur vie (but professionnel, recherche de l’âme sœur idéale), mais cette confusion cérébrale rend leur atteinte difficile. C’est donc surtout une quête quotidienne de motivation (pour la concentration) , d’états énergétiques suffisants (pour accomplir les tâches ou être en relation), et de reconnaissance vis à vis des autres (pour l’estime de soi) qui les fait avancer, ce qui peut s’avérer non cohérent pour leurs objectifs à long terme.
Certains ont l’impression de n’avoir pas de métiers dans la durée, d’autres ne se sentent nulle part chez eux et déménagent très souvent, ou partent impulsivement à l’autre bout de la planète sauver le monde ou se confronter à une vie non routinière, avec des dangers qui vont les canaliser pour un temps. Beaucoup font un point sur leur vie toutes les 5 mn en constatant un manque d’accomplissement qui est justement dû en partie au fait qu’ils y réfléchissent trop. Les plus surdoués cherchent un sens à leur vie dés le plus jeune âge,
Beaucoup notent aussi l’arrêt de ce chaos et une plus grande lucidité lorsqu’ils n’ont plus le choix, ou dans l’urgence, ou encore quand ils sont proches d’un danger physique pour eux-mêmes ou les autres. Certains orientent donc leur vie vers des activités autour de l’urgence, du danger ou du sauvetage des autres ce qui amène aussi du sens à leur vie. Très peu arrivent à s’assoir tranquillement seul sur un banc public très longtemps.
Conséquence directe ou indirecte, on observe souvent une instabilité non maitrisée dans leur vie personnelle et/ou professionnelle. Cela peut leur convenir sur le court terme, mais c’est souvent une source de manque financier, affectif et familial sur le long terme. Une désocialisation peut alors devenir le principal problème bien au delà du déficit d’attention, bien que certains assument ce choix. Une crise du milieu de vie peut leur faire prendre conscience qu’il faut qu’ils changent en profondeur et la découverte du TDAH est un atout pour mieux se connaitre et trouver des solutions.
La dopamine étant le neurotransmetteur de l’énergie et de la motivation, il y a souvent aussi chez eux une fluctuation de leurs niveaux d’énergie. Il est bon d’accepter ces fluctuations, même si on peut apprendre à les aplanir.
Les adultes hyperactifs (TDAH) ne se reposent jamais et développent même une angoisse de l’inactivité. Pour les hypoactifs (TDA) c’est uniquement le cerveau qui ne s’arrête jamais, même s’ils ont parfois l’impression d’avoir la tête vide. Pour les deux types, les efforts déployés pour réussir ou survivre peuvent engendrer une fatigue importante qui peut aller jusqu’à une quasi-paralysie des fonctions cognitives (concentration, mémorisation, décision, exécution), qui peut être suivie d’une irritabilité pour les impulsifs.
Une fatigue cérébrale ou physique intense peut être déclenchée en quelques minutes par une hyper focalisation stressante (même s’il n’y paraît pas), accentuée par une quasi absence de respiration et une mauvaise hygiène de vie générale (café, hypoglycémie). L’absence de motivation et de concentration sur les tâches courantes est consommateur d’énergie, c’est le cas aussi des pensées négatives (culpabilité, ressassement, …) qui entretiennent à long terme ces coups de fatigue.
Ces coups de pompes très violents ressemblent à des burnout (Syndrome d’épuisement professionnel) dans les symptômes car ils s’accompagnent souvent d’un épuisement total ou d’une forte déprime. Ils peuvent être très courts (quelques minutes à quelques heures) chez les adultes TDAH qui savent comment remonter leur niveau d’énergie (sport, relaxation, …). Mais le vrai burnout (ou burning out) qui dure plusieurs semaines les affecte aussi d’après les statistiques américaines (six fois plus de burnout chers les adultes TDAH). Cela est souvent dû à un stress énorme ou même une panique causé par la peur de perdre son emploi. L’arrêt de travail correspondant est souvent propice à des prises de conscience et notamment à la découverte du TDAH.
Chez beaucoup d’entre eux (75% environ) il y a aussi des montagnes russes émotionnelles et des oscillations au niveau de l’humeur avec des cycles courts à très courts (heures, jours). Le niveau de base peut contenir un fond d’anxiété, de dysthymie (légère dépression), d’énervement fréquent et d’insatisfaction lié à une impossibilité de s’épanouir. Certains passent d’un extrême à l’autre heureux/malheureux très vite et sans états intermédiaires. D’autres ont des dépressions atypiques ou disent qu’ils sont passés proche de la dépression sans jamais l’atteindre vraiment. Mais un nombre plus important (3 fois que la moyenne) a fait des tentatives de suicides vraies ou fausses, notamment à l’adolescence avant de trouver plus de sens à leur vie.
On pourrait parler de cyclothymie, mais celle-ci n’est pas toujours associée au déficit d’attention et elle est référencée parmi les troubles bipolaires. Le point commun entre TDAH et cyclothymie, ce sont ces oscillations courtes de l’humeur, souvent sans épisode de vraie dépression. Selon, les personnes, l’évitement de l’émotion peut passer par une addiction (alcool, comportement à risque, …)
Pour ceux qui ont des moments d’euphorie, ils sont souvent très courts, notamment parce qu’ils peuvent le payer cher la nuit suivante (sommeil écourté), ou immédiatement car ils vont avoir des comportements ou tenir des propos qu’ils vont regretter très vite par manque de confiance, culpabiliser, vouloir se rattraper et éventuellement s’enterrer encore plus vis à vis de leur interlocuteur qui n’avait peut-être rien remarqué.
Un fort moment d’enthousiasme est donc souvent suivi par une redescente, des réflexions interminables, des regrets, des ressassements sur eux-mêmes, voire une déprime plus ou moins forte. Ils vont basculer ainsi vers une attention plus faible, ce qui va entraîner tous les autres symptômes de ce tableau. Cette irrégularité, qui est différente de la bipolarité bien que certains TDAH soient bipolaires (maniaco-dépressifs), est souvent présente, et pour certains à tous les niveaux de leur vie.
Une vraie dépression peut survenir aussi, en particulier quelque temps après une séparation, un deuil, une perte d’emploi, lors d’un burnout professionnel, lors d’un changement radical de style de vie, devenu trop statique par exemple. Tout cela est souvent accentué par la crise du milieu de vie, période ou ils se posent des questions sur leur place dans ce monde et leur avenir. Même si ce n’est pas du tout plaisant à vivre pendant plusieurs mois, elle peut être une source de renouveau à terme car elle peut permettre d’apprendre à mieux se connaître et de se recentrer pour la suite de sa vie sur ce qui est important, en lâchant prise sur ce qui fait du mal depuis très longtemps comme le sentiment de ne jamais s’accomplir et de vouloir en faire trop. Une thérapie courte et/ou un anti-dépresseur peuvent être nécessaires pour en sortir.
Les impulsifs sont en mode réactif et se fâchent facilement. Leur tempérament bouillant peut provoquer des comportements intrusifs et dérangeants. D’autres sont simplement provocateurs et beaucoup s’ennuient assez vite au contact des autres. Cela commence très tôt durant l’enfance où les discussions des repas de famille les ennuient, et cela continue à l’âge adulte dans les réunions de travail.
Certains ont du mal à s’exprimer car l’idée qui vient d’apparaître est toujours prioritaire, même s’ils ont déjà commencé leur phrase sur un autre sujet. Au delà de deux ou trois personnes, beaucoup se sentent dissociés de la conversation en cours, ou en méta-position, tel un observateur de ce qui se dit, sans pouvoir entrer normalement dans la conversation. D’autres développent une anxiété sociale ou simplement des paniques fréquentes avant leurs rendez-vous.
Certains oublient leurs engagements, d’autres passent à côté des règles élémentaires de courtoisie ou de savoir-vivre. Ils gaffent souvent en parlant trop impulsivement sans avoir suivi le début de la conversation. Beaucoup d’irrégularité là aussi pour certains, avec des comportements différents dans le monde professionnel et familial, ou d’un contexte à l’autre, ou d’une journée à l’autre. Comme ils passent d’un extrême à l’autre facilement, ils alternent souvent entre naïveté et méfiance selon les périodes et les évènements
Leur comportement à long terme dans un groupe est difficile, sauf s’ils ont un rôle spécial qui leur permet d’être attentif ou simplement d’exister (chef, orateur, formateur, consultant, expert, gai-luron, calimero, etc). Au travail, Ils ont du mal à suivre les règles et procédures établies pour faire à leur façon, à tort ou à raison. Dans leur vie personnelle, ils peuvent être très différents, avec un sentiment de plus grande liberté, en pouvant choisir leurs amis et leurs activités, avec un besoin de variété et d’alternance.
Certains ont une personnalité évitante ou une phobie sociale plus ou moins prononcée. D’autres passent leur temps à blâmer les autres, la société, les injustices qu’ils ressentent en permanence. Ce sentiment d’injustice peut être réel, de par leur incapacité à élaborer des stratégies gagnantes avec leurs relations, mais il peut être exagéré du fait qu’ils n’adoptent pas les mêmes règles que la plupart des gens. Beaucoup sont peu coopérants et veulent absolument faire les choses à leur manière, sans lire les instructions au complet s’il y en a. On observe souvent chez eux des changements d’humeur imprévisibles.
Ils sont souvent différents avec leurs proches avec lesquels leur hypersensibilité domine. On constate plus de problèmes familiaux et de problèmes de couples chez les adultes TDA/H, avec plus de divorces. Leur sentiment de retrouver la liberté peut atténuer l’échec s’ils sont relativement jeunes. Il y a chez les adolescents plus de relations sexuelles précoces et non protégées, avec beaucoup de grossesses non désirées et de maladies sexuellement transmissibles. Certains n’ont pas assez d’attention pour mener à bien leur relation sexuelle et se déconcentrent durant l’acte.
Malgré le temps qu’ils passent à réfléchir sur eux-mêmes (pour certains), ils ne mesurent pas souvent l’impact qu’ils ont sur les autres et peuvent les blesser. Ils ont souvent une mauvaise capacité d’introspection sur eux-mêmes et leurs comportements en société. Certains sont en opposition permanente qui vont jusqu’à des troubles de conduite en société.
La plupart des adultes TDA/H ont une hypersensibilité émotionnelle, comme environ 20% de la population générale même si ce tempérament (ou syndrome) n’est pas recensé comme tel par la psychiatrie comme l’est le TDA/H.
Pouvant être pris pour des timides, introvertis ou dépressifs, c’est plus simplement leur cerveau qui traite l’information de manière trop large ou détaillée dans certaines situations. Ils arrivent dans un groupe et ils détectent immédiatement les humeurs de chacun et s’imaginent déjà ceux qui leurs sont hostiles. Certains désirent souvent aider intensément les autres, ou faire de la psychologie, y compris sur eux-mêmes.
Ils sont plus susceptibles que la moyenne des gens. Très sensibles à ce que disent les autres, ils (et souvent elles) sont souvent blessés, ont les nerfs à fleur de peau, même s’ils le cachent souvent. Ils peuvent cultiver alors un ressentiment envers les autres (et eux-mêmes) et ressasser ces pensées.
Ils sont très influencés émotionnellement par leurs relations, Ils ne savent pas garder une bonne distance par rapport aux autres, soit trop proches et trop empathiques, soit trop éloigné car distraits ou au contraire méfiants. Beaucoup sont différents dans le monde professionnel et personnel, avec des inconnus et leurs proches. Ils peuvent mettre des barrières émotionnelles dans certains contextes ou être des éponges émotionnelles dans d’autres situations.
En matière amoureuse, cela peut prendre des proportions inimaginables avec un sentiment d’amour trop rapide dans le processus de séduction, au point de faire peur à leur partenaire qui ne va pas comprendre l’importance de certains détails. Il peut s’en suivre des chagrins d’amour très intenses aussi.
On peut aussi parler d’hyper-émotivité, un yo-yo incessant qui les fait passer du meilleur au pire rapidement. Une hyper-réactivité par rapport à l’environnement et aux situations de vie. Une mauvaise nouvelle, une scène émouvante dans un film, ou quelqu’un qui semble triste peuvent les ébranler.
Il existe aussi une hypersensibilité sensorielle (bruits, lumière, toucher, odeurs) qui est souvent décrites par les adultes TDA/H. certains ne supportent pas les écrans de télévision ou d’ordinateur car le défilement des images et des sons les irritent. Certains vêtements ou tissus leur sont insupportables.
L’inquiétude et la prise de risque sont deux symptômes contradictoires qui peuvent se retrouver chez un même individu. Le manque d’attention est source d’hésitations et de préoccupations fréquentes (« vais-je avoir la concentration ou la stabilité émotionnelle pour le faire ? »), et donc une inquiétude pour les tâches banales (les tâches ménagères, parler avec quelqu’un, …). Cette inquiétude peut prendre différentes formes (stress, anxiété d’anticipation, crise d’angoisse) que l’on va détailler juste après.
Même s’ils ont un sentiment d’insécurité permanent, les vrais dangers et les gros défis peuvent au contraire les attirer et les galvaniser . De ce fait, certains sont toujours à la recherche d’une nouvelle expérience ou d’une sensation forte qui pourrait les sortir de leur tourbillon intérieur. Ce n’est pas nécessairement gravir une montagne : cela peut être d’improviser une recette de cuisine hasardeuse quand on reçoit des invités par exemple, ce qui peut leur faire accumuler les échecs.
Du fait de ce balancier entre inquiétude et prise de risque, entre impulsivité et léthargie, le processus de décision est de ce fait irrégulier. Une démission ou une séparation peuvent être plus facile et rapide que le choix vestimentaire du matin, mais les conséquences de ces décisions impulsives peuvent être mal vécus par la suite.
L’inquiétude chez eux se traduit souvent par une anxiété d’anticipation plus souvent qu’une véritable anxiété générale que l’on retrouve quand même chez 30% des adultes TDA/H. C’est plus souvent une peur ou une panique de ne pas être à la hauteur dans les minutes, heures ou jours qui suivent, une anxiété de performance causée par les symptômes déroutants et irréguliers du TDA/H. Cette anxiété n’a pas souvent de raison d’être car, quand ils s’approchent de la situation ou de la date butoir, ils vont plutôt avoir de la facilité à faire face, grâce à l’adrénaline puis la dopamine que cela leur procure.
Pour certains, ces formes d’anxiété peuvent les paralyser et les empêcher d’avancer et de développer leur potentiel spécifique. Ils paniquent souvent. Cela peut aller jusqu’à des crises d’angoisse brèves et espacées, mais c’est ensuite surtout la peur de la crise qui prend le dessus, qui peut aller jusqu’à un trouble panique, avec ou sans agoraphobie, qu’ils n’avaient pas quelques années plus tôt.
Cette anxiété a chez eux des raisons différentes de la plupart des gens. Les gens non TDA/H vont être souvent anxieux parce qu’ils veulent tout planifier et tout prévoir (en accumulant les polices d’assurance par exemple), ou alors du stress par rapport aux soucis d’un projet à long terme comme la construction d’une maison. Pour la plupart des adultes TDA/H, de par leur difficulté à planifier ou à s’engager sur des projets longs et complexes, vont plutôt être anxieux sur l’anticipation d’un évènement futur, sur la stagnation de leur vie, ou à court terme sur leur incapacité à assumer les tâches de tous les jours avec des paniques fréquentes. Ils ont souvent l’impression d’être submergés par les tâches à faire, et elles s’accumulent effectivement parce qu’ils en sont paralysés. Ils peuvent facilement se noyer dans un verre d’eau.
Ces différentes formes d’inquiétudes et de stress, fréquentes chez beaucoup d’entre eux, en dehors de petits moments euphoriques qui les caractérisent aussi, engendrent une incapacité à se détendre, une tension permanente dans la tête et le corps qui peut être à terme la source de nombreuses maladies psychosomatiques (fybromalgie, maladie de crohn, …) ou de douleurs récurrentes dans leurs corps. Au fil de la vie tout cela peut leur procurer des déprimes fréquentes puis de la dépression en milieu de vie. L’anxiété, la dépression et la mauvaise santé constituent le summum de la souffrance psychique humaine mais il faut parfois toucher le fond pour trouver la motivation à rebondir et à se prendre en main. La découverte du TDA/H qui est peut-être à la base de ce cocktail explosif, va être un catalyseur pour le début d’un renouveau, grâce à toute l’information et les solutions que l’on peut trouver sur ce trouble neurologique.
Toujours en recherche de stimulations fortes, Ils peuvent tomber facilement dans des addictions psychologiques ou physiques avec des substances licites ou illicites comme l’alcool, le tabac et la nicotine, les drogues (cannabis, cocaïne, …), les cocktails de médicaments (stimulants + antidépresseurs + anxiolytiques + hypnotiques). Dans la catégorie des stimulants, il y a aussi le chocolat et surtout le café en grande quantité pour certains, non addictif biologiquement donc le plus facile à diminuer.
Il a aussi les abus de nourriture qui engendrent de la surcharge pondérale, lié aussi souvent à de mauvaises habitudes de vie (manque d’exercice). Le sucre est une addiction classique car cela leur donne une sensation de bien-être par rapport à des hypoglycémies fréquentes, causées justement par une alimentation ne contenant pas de sucres lents. Les matières grasses procurent un plaisir immédiat dont ils abusent aussi. Tout cela provoque des problèmes de santé à terme et une espérance de vie plus faible, d’autant plus qu’ils ont en moyenne plus d’accidents et de traumatismes physiques, de par leur inattention. Ils peuvent se considérer malchanceux alors que qu’il s’agit d’un manque d’attention trop fréquent.
Ils peuvent aussi développer des comportements addictifs pour ce qui les motive ou simplement ce qui leur donne des stimuli souvent sans objectifs. Ils sont souvent trop accaparés par le côté interactif et rapide de la technologie (Internet, recherches Web, réseaux sociaux, blogs, chat, forums, jeux, smartphone, drague virtuelle, etc.). Ils peuvent être aussi addicts au travail pour se rassurer quant à leur problème d’attention, ou par manque d’intérêts en dehors du travail. Une partie des adultes TDA/H sont hypersexuels avec une addiction à la masturbation (homme et femme).
Certains sont simplement addictifs aux émotions fortes puisque c’est le seul carburant qu’ils ont trouvé pour ce mettre dans l’action ou avoir le sentiment d’exister sans être pollué par leur mental. Ils ont développé des valeurs exigeantes, humanistes par exemple, ou cherchent des relations non ordinaires, puis des ruptures brutales ou des mélodrames, en traversant sans arrêt des cycles plaisirs/souffrances ou illusion/désillusion. On parle aussi d’addiction à l’auto-sabotage quand on préfère l’évitement à toute autre forme de besoin, on préfère ainsi l’échec à la réussite car on y a été habitué depuis le plus jeune âge.
Tous ces symptômes peuvent mener à terme à un isolement avec des conséquences sur l’équilibre et la santé, voire une désocialisation si les problèmes relationnels entrainent une coupure avec l’entourage familial et social. A l’extrême, cela peut aller jusqu’à un laisser-aller au niveau de l’hygiène élémentaire (certains se lavent peu souvent), puis une marginalisation peut-être voulue au départ mais qui vont compliquer la vie de tous les jours jusqu’à devenir SDF pour certains.
Même ceux qui ont une vie de famille et professionnelle vont souvent sentir ce côté décalé par rapport aux autres et vont ressentir ce sentiment de solitude intérieure, du fait de se sentir très différents avec des préoccupations liées aux difficultés à exécuter les tâches du quotidien ainsi que se connecter aux gens et aux situations, plutôt qu’aux problèmes généraux qu’on entend en boucle dans les médias.
Certains ne donnent plus de nouvelles pendant de longues périodes, à cause d’une humeur dépressive, ou au contraire d’un engouement démesuré pour un projet, ou un voyage à l’autre bout du monde quelquefois pour des bonnes causes. Cela peut déstabiliser leurs proches et dans ces conditions, c’est difficile de garder de bonnes relations avec sa famille ou de garder des amis sur le long terme. On peut mal le vivre à partir d’un certain âge avec un grand sentiment de solitude ou d’échec de vie, ou en ayant l’impression d’être nulle part chez soi à force de bouger géographiquement.
Certains ont une sociabilité ou une drague de façade, notamment aujourd’hui à travers des rencontres virtuelles sur internet et ses réseaux sociaux. Ils multiplient les rencontres et les aventures amoureuses éphémères et en sont satisfaits ou insatisfaits selon leur valeur et leur âge.
L’homme étant un animal social, cette solitude, si elle existe, n’est pas épanouissante pour la plupart. Mais pour certains, une vie relativement solitaire leur réussit assez bien, avec une vie intérieure ou spirituelle riche, ou simplement pour simplifier les difficultés qu’entrainent les relations sociales ou amoureuses.
Troubles psychiatriques
Dépression, anxiété généralisée, trouble panique, bipolarité, TOC, trouble borderline, troubles du sommeil, addictions, trouble des conduites et des comportements, trouble des conduites alimentaires, syndrome Gilles de la Tourette
Les troubles psychiatriques ou comportementaux ci-contre amènent un niveau de souffrance supplémentaire pour eux-mêmes et leur entourage. On parle alors de comorbidités au TDA/H. Ces troubles peuvent donc être présents neurologiquement (déficit en sérotonine ou en gaba) et/ou être une conséquence des échecs et des frustrations à répétition. Ils sont présents dans 75% des cas chez les adultes TDA/H à des niveaux différents. Donc la comorbidité n’est pas l’exception mais plutôt la règle.
Beaucoup des symptômes qu’on a vus dans le tableau ci-dessus sont simplement réactionnels ou adaptatifs par rapport au déficit d’attention, et ils sont difficiles à distinguer des vrais troubles psychiatriques ci-contre. Par exemple un stress ou une inquiétude permanente peut s’approcher de l’anxiété généralisée. De même la fatigue ou le manque de concentration ont souvent un lien avec un trouble du sommeil.
Leurs fluctuations d’humeur sont difficiles à distinguer de celles d’un cyclothymique ou d’un trouble bipolaire. Le caractère impulsif, le rejet des normes et de l’autorité peuvent être confondus avec des traits « borderline ». Ainsi, de nombreux adultes TDA/H pourront recevoir successivement ces diagnostics, et mettrons très longtemps avant de trouver le traitement médical adéquat (thérapie et/ou médicament), puis le mode de vie qui leur permettra de fonctionner sans médicament (hygiène de vie, métier approprié, calme mental, techniques relationnelle, …).
De par le caractère génétique et héréditaire du trouble, ils sont issus d’une famille où l’un des parents, grands-parents (cela peut sauter une génération), oncles ou tantes étaient atteints du déficit d’attention ou d’autres troubles de l’humeur plus ou moins bien diagnostiqués (dépression, anxiété, trouble bipolaire). Souvent ils étaient considérés comme bizarres, marginaux, voire fous à l’époque avec l’asile à la clé. Une histoire familiale violente ou dysfonctionnelle (avec souvent des abus d’alcool) a pu accentuer l’ampleur du TDA/H et les souffrances de l’enfant TDA/H, qui est devenu adulte et qui lit ces lignes aujourd’hui.
La coexistence ou la prévalence d’un trouble psychiatrique est possible (comorbidité). Selon l’importance de ces troubles associés, ceux-ci seront traités en priorité avec des médicaments et des thérapies spécifiques, différents de ceux utilisés pour le TDA/H.
En attendant de consulter, et pour savoir si vous êtes plus dans le stress, l’anxiété, le trouble panique, la dépression, écoutez votre petite voix intérieure qui répète sans cesse lors de vos activités quotidiennes :
« Il faut que j’y arrive »
« J’ai peur de ne pas y arriver »
« J’ai peur de la crise d’angoisse » (peur d’avoir peur)
« Je n’y arriverai pas et je suis fatigué d’essayer »
Stress
Anxiété
Trouble Panique
Dépression
TDAH : Points Positifs et Qualités
Créatifs
Certains adultes sont artistes, d’autres ingénieux ou simplement débrouillards. La créativité est sans doute le plus gros atout des adultes TDAH. En effet, ce surplus de pensées, intrinsèque à ce trouble, génère souvent des idées créatives. Dans un certain sens, la créativité nécessite un manque d’attention puisque par définition quelque chose de nouveau surgit…
Les adultes TDAH confondent souvent créativité avec un foisonnement incessant d’idées qui se bousculent dans un esprit hyperactif et incapable de sélectionner ce qui fait du sens par rapport à leurs talents, valeurs, besoins, limites. Cette imagination stérile dans un esprit agité est la source de faux espoirs incessants avec des cycles excitation/frustration. Même les bonnes idées ne seront pas exploitées car une période créative doit être suivie par une période de concentration et de travail pour les mener à bien. Pour certain la créativité devient une addiction car elle leur procure un tel plaisir qu’il ne peuvent passer à l’étape suivante de concrétisation, et ils en oublient même leurs obligations familiales, professionnelles et sociale.
Les vrais bonnes créations, celles qui ont des chances de se transformer en projets aboutis ou chef d’œuvres, émergent si on réussit à calmer l’hyperactivité mentale compulsive et stérile, grâce à quelques respirations amplifiées et conscientes, de la relaxation, de la marche, le contact avec la nature, éventuellement du sport mais pas tous les jours. Le but est de cultiver les ondes alpha qui permettent de se relaxer naturellement, le corps dans un premier temps puis l’esprit qui suit toujours le corps. Un moment de visualisation créatrice arrive alors et l’inspiration peut venir. Mais l’idée qui arrive alors n’est pas suffisante, il est nécessaire de poursuivre ou simplement la noter dans un premier temps et la reprendre plus tard lors d’un moment de travail nécessitant de la concentration qui correspond souvent à un autre état d’être. Cet état consiste à se concentrer intensément pour faire germer cette idée et en commencer sa concrétisation, Une ou plusieurs périodes comme celle-ci sont alors nécessaires pour finaliser le projet qu’on délèguera ou qu’on fera nous même avec éventuellement de l’hyperfocalisation pour la mener à terme mais en continuant de vivre.
Bien utilisée, cette imagination créative va être plus importante encore que la volonté pour avancer et évoluer dans la vie. Le fait de penser différemment de la plupart des gens peut être un avantage pour faire la différence, bien gagner sa vie, la reconnaissance des autres et surtout l’estime de soi.
Cela nécessite aussi une prise de conscience de ce potentiel spécifique que l’on a, car beaucoup d’entre nous utilisent mal leur créativité à cause de métiers ou d’activités mal adaptés, d’un style de vie trop statique ou trop conventionnel, ou d’un manque de confiance en soi inhérent à ce trouble.
La créativité peut être épanouissante intrinsèquement, par exemple si on s’adonne à un art. Dans le cadre du travail, la créativité n’aura un sens que qui si l’on va au bout du processus : résumer ou écrire ce qu’on a découvert, le communiquer aux autres de manière non impulsive ou le vendre tout simplement. Et c’est là que l’on bloque souvent car cela ne nous motive pas, souvent par manque de confiance, et on garde ainsi au fond du tiroir des découvertes, des idées qui ne seront pas exploitées et qui ne nous feront donc pas avancer dans la vie.
Intuitif
Contrairement à la majorité des gens qui fonctionnent en mode séquentiel (une tâche après l’autre pour arriver à un but), les adultes TDAH foncent de manière intuitive vers le but sans tenir compte des conventions, procédures officielles, ou des étapes classiques telles qu’on les apprend dans un cursus scolaire.
Cette façon de voir les choses et les projets de manière globale et non séquentielle leur donne des qualités de vision d’ensemble face à un problème, et permet de dégager des solutions ou stratégies innovantes et performantes. Cette qualité est très prisée dans les entreprises qui cherchent des stratégies pour faire la différence par rapport à la concurrence.
L’intuition est aussi ce don qui permet de trouver des solutions rapidement, sans réfléchir, et qui correspondent à ce que l’on est au plus profond. C’est difficile quand on est au fond du trou et qu’on manque de lucidité, car on est alors plus mené par nos instincts de survie, qui peuvent consister par exemple à vouloir garder absolument un travail qui n’est pas compatible avec le TDAH.
L’intuition peut-être très forte chez nous bien qu’irrégulière car elle va dépendre de nos états internes très fluctuants (énergies, humeur, émotions, fatigue, …). Une bonne énergie associée à une certaine quiétude mentale en favorisera plus souvent l’émergence.
Curiosité, empathie
C’est sans doute grâce à votre curiosité que vous avez découvert ce trouble, et cela va vous permettre de mieux vous connaitre pour franchir sans doute plusieurs paliers dans votre développement personnel. Cette curiosité vous permettra régulièrement de sortir des sentiers battus et de trouver des objectifs et des solutions qui vous feront avancer.
Certains sont en mode scanneur permanent, ont l’impression que la vie est trop courte pour tout découvrir et deviennent boulimique de connaissances sans rien approfondir. Avec un peu d’expérience et une meilleure connaissance de ce trouble, on repère assez vite la curiosité constructive et celle qui fait perdre du temps.
Cette curiosité amène à terme une ouverture d’esprit supérieure à la moyenne, une incapacité à être dans la pensée unique, chère à nos médias et hommes politiques. Ils ont cette capacité à prendre du recul sur les idées toutes faites en matière de société ou sur tous les sujets. Certains se battent toute leur vie pour défendre leurs idées, qui d’ailleurs peuvent fluctuer au fil du temps même s’ils ne sont pas spécialement influençables.
Ils doivent apprendre à maitriser leur impulsivité et leur hypersensibilité pour partager leurs idées auprès des autres en évitant de se blesser mutuellement.
Enthousiastes, audacieux
Quand une idée leur vient à l’esprit, ils deviennent rapidement enthousiastes, beaucoup on gardé leur âme d’enfant, cette capacité à s’émerveiller au delà du raisonnable sur une nouveauté, ou sur un concept qui leur tient à cœur.
Cela concerne plus les hyperactifs : ceux-ci ont souvent cette capacité à dynamiser une situation ou un groupe, à déborder d’énergie d’une manière en étant extraverti, bien qu’ils peuvent être introvertis le lendemain dans un autre contexte ou ils se sentent moins bien. Certains ont la capacité de présenter les choses de manière légère ou même drôle.
Leur volonté de s’épanouir et de s’accomplir dans la vie, leur donne une énergie incessante bien que fluctuante, avec beaucoup d’ambition surtout dans la première partie de leur vie. Un travail sur soi en milieu de vie permettra de trouver d’autres objectifs et d’autres ressources pour passer de l’ambition à la sérénité
Quand une idée forte leur vient à l’esprit, ils ne peuvent pas faire autrement que de foncer dans sa direction même si cela peut s’avérer très audacieux pour la plupart des gens. Ils sont alors très concentrés et créatifs dans les premiers temps (hyper-focalisation).
Il est bon alors de repérer le moment ou on s’enfonce dans une voie sans issue, ou au contraire quand on perd cet élan. On peut aussi foncer de nouveau sur un nouveau concept, mais si possible proche du premier, pour capitaliser sur cette idée de départ et le temps qu’on y a passé. A terme on peut devenir expert sur un sujet à force d’en avoir appréhendé tous les contours.
TDAH : conséquences et comorbidité
Le diagnostic des troubles comorbides nécessite également des bilans de spécialités variées, orthophonie, psychomotricité, ergothérapie, neuropsychologie, …
Au cas par cas, le bilan d’un TDAH comprend bien souvent : un bilan d’orthophonie devant des troubles de l’acquisition du lange oral ou écrit, un bilan psychomoteur et/ou d’ergothérapie devant des troubles de la coordination motrice ou du traitement des informations visuo-spatiales, un bilan logico-mathématique devant des troubles de l’acquisition du calcul et un bilan neuropsychologique pour la vitesse de traitement de l’information, la capacité en mémoire de travail et la capacité d’inhibition.
Même si ces tests neuropsychologiques ne fournissent qu’un avis incertain, même administrés dans les meilleures conditions par un professionnel expérimenté. Une proportion élevée des patients avec un TDAH avéré ont des résultats dans les limites de la normale et, inversement, des résultats anormaux se rencontrent dans d’autres situations que le TDAH, telles que la fatigue, l’anxiété, la dépression, etc…
Dans tous les cas, ces bilans seront essentiels pour évaluer les compensations à mettre en place tout au long du parcours scolaire.